ETAPE 4 : Le Hameau des Buis – Le Maquis

 

Samedi 19 Juillet

Le départ se fait sous une pluie fine. Un dernier temps de discussion avec la famille de Corinne. Départ vers 10h45, toujours la même sensation, content de reprendre la route et de pédaler vers une autre utopie. Ce passage au hameau m’a beaucoup apporté. L’impression d’avoir remis les pieds sur terre après l’énergie et l’euphorie des 1ères visites. Ici, le chantier de la vie collective se met en place. Et bien sur, c’est pas évident, ça prend du temps. Ça nécessite de travailler sur la résilience et sur des outils de communication collective appropriés à tous les membres.

Direction Alès. Je prends les petites routes, le vent se lève un peu et je n’avance guère. J’atteins Alès et décide d’y manger. Repas fait de jambon et du très bon fromage de Marco du Hameau.

Je découvre cette ville, que je pensais beaucoup plus petite.

Sur la route, je croise peu de gens, juste un enterrement. Je m’enfonce vers la plateau calcaire bas cévenole, vers la mer. La végétation se rapetisse, les odeurs de thym s’intensifient tout comme le chant des cigales…les nuages s’estompent et la chaleur s’installe.

La vigne s’impose dans le paysage. La garrigue aussi. Plus je me rapproche de Montpellier, plus les souvenirs reviennent : « ah, je connais ce coin, qu’est-ce que j’y ai fait ?… »

Je passe les 500km sur mon compteur. Un brin de fierté, beaucoup d’humilité aussi car ça représente à peine 1/5 de la distance estimée.

Image du kilomètre 500image prise avec le télephone portable

 

 

 

 

 

Peu de temps après je cherche un spot pour dormir. Une entrée de champ, je m’enfonce un peu et voilà, le beau champ plat et en friche. La soirée est chaude et belle.

 

Dimanche 20 Juillet

J’ai prévu une escale technique et familiale à Montpellier. Je suis à une 30aine de km de la ville. La pluie est tombée jusqu’au petit matin. Je me lève tranquillement et pars vers 9h. Quelques kilomètres après je passe la borne signalant mon entrée dans l’Hérault.

Je suis près du Pic St-Loup, quelques collines m’empêchent de le voir. Je fais un petit détour pour l’apprécier dans sa majestueusité accrochant les nuages d’orages prévus pour la fin de matinée.

Je reprends plein sud sur Montpellier. Encore un petit détour pour passer dans le centre ville. C’est dimanche, il n’y a pas grand monde, je circule paisiblement.

Arrivée juste pour l’apéro. C’est bien !

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Je reste 3 nuits. Le temps de récupérer quelques affaires et d’en laisser d’autres. Faire vérifier le vélo aussi…le couinement provenait de la colonne de direction qui était mal ajustée. J’ai eu de la chance de ne pas la casser et par la même occasion finir dans un fossé !

Je mets en place l’exposition le mardi matin, dans un square face au salon de thé où j’allais souvent à l’époque de mon passage à la fac de montpel’. Je trouve l’expo sympa et la scéno très réussie (cf rubrique « Expositions », article Exposition 6).

 

Mercredi 23 Juillet

Départ vers 10h30, chargé de bonne bouffe. Direction la mer que je vais longer jusqu’au Cap d’Adge. Je prends la piste cyclable qui mène à Lattes et croise quelques cyclistes qui vont à la mer. Je bifurque vers Maguelone avant d’atteindre Palavas. Pour l’instant, le temps n’est pas trop chaud et le vent faible. Je longe les étangs, fais coucou aux flamands rose encore blancs, bien plus intéressés par le fond de l’eau que mes salutations. Je vois la mer juste derrière la cathédrale.

Je pense pouvoir rouler à coté de la mer jusqu’à Sète. Je fais quelques centaines de mètres et m’enfonce de plus en plus dans une bande entre la mer et un étang, sur un sol mélangé de galets et de sable….il devient vite impraticable. Je demande mon chemin à un plagiste et comprends vite que je dois retourner sur mes pas et continuer la piste que j’avais quittée à Maguelone, il y a une petite demi-heure.

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Je reprends mon chemin sur cette piste relativement praticable, droite, plate et monotone. Je suis seul. Face à moi au loin, la colline de Sète. Le soleil est éclatant, la chaleur se fait plus lourde et le vent forcit. La méditerranée ! Je pense que les plus belles routes, vallonnées et ombragées sont derrières moi, j’entre dans l’anti-chambre de la fournaise.

J’arrive à Sète un peu desséché, je dois prendre soin de bien m’hydrater régulièrement et plus encore !

La ville, le monde, les voitures, la transition est assez brutale. Je rôde un sandwich, un perrier et un coin à l’ombre. À peine installé qu’un homme vient me voir. Il parle fort, fait de grands gestes. Il est en colère car il ne peut plus faire de sport à cause de ses genoux mal soignés par des médecins. Infections nosocomiales, guillaume depardieu, erreur médicale, tous pourris. Je savais que mon voyage, mon vélo et la remorque apportaient le rêve, stimulaient la curiosité, pouvaient procurer l’envie et je découvre qu’ils peuvent aussi bien provoquer la jalousie. Entre deux tirades, Lassen casque de vélo vissé sur le crâne, en profite pour engager la conversation autour de mon voyage et de celui qui l’a emmené jusqu’à Paris l’année dernière. Merci Lassen.

Il se fait déjà 15h, si je veux dormir sur les berges du Canal du Midi autour de Béziers, je dois reprendre la route.

Je monte sur la corniche de Sète, que je ne connaissais pas. Très belle vue, je comprends enfin Brassens, que j’imagine un peu plus haut à regarder l’horizon du sommet de son promontoire.

Je double un vieux monsieur un casquette de marin sur la tête chevauchant un vieux vélo avec plein de fruits et légumes sur son porte bagages. Je lui dis bonjour et pour réponse j’entends :

« – tu veux un melon ? Dis, tu veux un melon ? »

Il me laisse choisir un melon. Il est content ça en fait un de moins à porter. C’est le 4ème qu’il donne depuis la fin du marché !

Je le mangerai avec plaisir ce soir.

Je poursuis jusqu’au Cap d’Agde sur une piste cyclable entre la mer, les dunes interminables et les parkings tout aussi interminables de l’autre coté.

À la fin de la piste, pas de panneau de direction. À toi de choisir à gauche ou à droite !

Je prends à gauche et essaye de contourner Agde pour rejoindre la route qui me mènera au Canal du Midi, d’ici quelques kilomètres. L’aventure commence ! Finalement, je me retrouve sur une cote à 2 voies avec une 3ème sur ma droite qui mène sur l’autoroute. Je passe quelques minutes à me faire doubler par la gauche et par la droite. Je finis par entrer dans Agde. Je demande mon chemin. Je m’aperçois des limites de ma carte au 1/100 000ème, et google map sur mon petit téléphone n’est pas très pratique.

Bref, les indications d’une dame sont claires et une fois arrivé à la sortie de Agde, le chemin prévu, la départementale 612, est interdite aux vélos. Je fais un petit tour pour voir si d’autres alternatives s’offrent à moi. Apparemment rien. Un coup d’oeil sur la carte, peut être une route toute aussi passante à l’autre extrémité de la ville. C’est dommage car le canal tant rêvé se trouve à 2 kilomètres à peine après cette route interdite. Tant pis ! Je m’engage. Quelques autos me klaxonnent en faisant des gestes. Si si, les autos font des gestes! Je pédale. Passe sur un pont au dessus du Canal. Je bifurque à la 1ère à droite pour tenter de le rejoindre. Quelques centaines de mètres et je tombe sur une autre route réservée aux voitures. Il n’y a pas de sortie pour accéder au chemin menant au Canal qui se trouve juste là, en contre bas, je le vois. Re tant pis, je prends la sortie à contre sens, en serrant les fesses et en me faisant tout petit petit….à quand la route partagée partout ou des itinéraires cyclables complets et cohérents !

Enfin sur les berges du Canal du Midi.

Je fais encore quelques kilomètres le temps de me remettre de mes émotions, cherche un coin sympa pour poser la tente. Un marais avec flamands rose, limicoles  et autres canards. Parfait. Je me régale de mûres présentes dans les haies alentours.

J’appelle Le Maquis, le lieu vers lequel je me dirige, pour confirmer mon arrivée que j’estime en début d’après-midi le lendemain.

La journée a été longue, je profite doucement de la soirée.

 

Jeudi 24 Juillet.

Réveil aux sons de l’envol des flamands et de leurs discussions enflammées. Je pars tôt. La route du Canal est agréable, la piste très confortable. Je croise plus de monde. Passage des Ecluses de Fonséranes, de lieux chargés d’histoires et de vieux villages.

Il fait clairement chaud. Le soleil pique. Parfois la piste se transforme en chemin étroit et chaotique. Les paysages sont sympa, les kilomètres se gagnent difficilement.

Je fais le choix de rester le long du Canal plutôt que de reprendre la départementale. Je préfère le calme champêtre à la tempête de chaleur et des camions roulant pleins gaz.

Je quitte le Canal à Argeliers, il est 13h, je trouve un petit bar pour manger. Après le repas, je vais sur la place du village et me repose à l’ombre des platanes.

Je reprends la route vers 15h. J’arriverai sûrement tard au Maquis car mon énergie est mise à rude épreuve avec cette chaleur.

L’après midi sera chaude, longue et pénible. Chaque petite cote demande un gros effort, je ne pédale plus, je mouline. J’atteins difficilement Minerve, il est 17h. J’essaie d’appeler Le Maquis pour savoir où ça se trouve…pas franchement envie de faire ne serait-ce que 1km de trop ! Je suis cuit, complètement cuit. Il n’y a pas de réseau. Je demande à une femme de Minerve. Elle m’explique la route et me prévient que la prochaine montée sera longue, très longue et potentiellement difficile. En général, les gens ont tendance à exagérer vu qu’il fait chaud, que faire du vélo dans ces contrées est assez dur. Je m’engage sur la route prévue. Entame la montée, c’est raide et costaud. Je mets le pied à terre plusieurs fois. Allez encore un effort le sommet semble être derrière ce virage. La pente est moins raide mais le sommet toujours invisible. Je monte inexorablement sur le plateau. Je titube, j’halète. Pied à terre. J’en peux plus. Les cuisses brûlent. Brûlent, brûlent. À un moment, je décide marcher pour détendre mes muscles tétanisés.

Je remonte sur le vélo. Enfin une antenne pylône en vue, c’est le sommet. Hé bien non, toujours pas. La végétation de maquis a laissé la place à des chênes verts et érables. Un peu d’ombre. Le vent reste fort et de face. J’atteins ce sommet tant espéré plus d’une heure après avoir entamé la montée. Depuis le début, je n’ai jamais eu aussi mal. Vraiment mal.

La descente de l’autre coté est agréable, les paysages splendides. Je suis bienheureux de les voir. Peu de temps après, je bifurque pour atteindre Bois-Bas et Le Maquis. Une autre montée. Étonnement, je l’avale sans aucun problème, j’ai repris mes forces. J’arrive juste à la fermeture de l’accueil du camping participatif du Maquis.

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