ESCALE 6: MARINALEDA

Préambule :

Je reprends le texte pour parler de la dernière escale, Marinaleda, aboutissement de la route de l’Utopie.

J’ai pris le temps de rédiger cet article pour des raisons de logistique (j’ai du réorganiser mon retour et enchaîner directement des recherches pour mon installation sur Carcassonne), la nécessité de digérer cette aventure et le besoin de comprendre l’orientation très personnelle qu’à pris la Route après Carricola.

Le fait que je ne parle pas l’Espagnol a alimenté une frustration qui montait crescendo dès mon arrivée sur Barcelone. J’ai mis du temps à me l’avouer et ça a nettement favorisé un certain repli intérieur. Ce projet est basé sur les rencontres, l’échange et le partage…..sans les mots pour expliquer son but, mon moteur, l’utopie, il n’a plus d’occasion de grandir, de se nourrir, de se confronter. De vivre…alors, cette route de l’Utopie perd sa légitimité. Elle ne devient qu’une direction vers un petit village sans intérêt pour le commun des mortels. Et du coup, ma place perd son sens. Qu’est-ce que je fais ici avec mon vélo et mon appareil photo, pourquoi je pédale ?

A rajouter, l’idée que les étapes devenaient de plus en plus éprouvantes physiquement et moralement, entraînant fatigue et moins d’énergie pour briser les frontières de l’inconnu et de la langue…..que ces étapes nourrissaient mes réflexions sur ce que j’avais vécu de très intense et instructif lors des précédentes escales et, ainsi, alimentaient un besoin d’introspection.

Enfin, je voyais les jours défiler à toute allure, alors, est venu le temps de faire des choix. Être pris par le temps est le pire piège pour ce genre de projet basé sur les rencontres humaines.

Bref, tout ce joli zembrocal de facteurs a fait basculer la route de l’Utopie en chemin vers mon utopie, où ma sensibilité et mes questionnements d’homme, ont pris le pas sur le coté journalistique du projet. Et ça m’a fait du bien. L’impression d’avoir, durant un instant, rattrapé mon ombre et lui avoir donné la lumière qu’elle réclamait…

 

Donc, arrivé à Marinaleda le 18 septembre, je n’avais que 4 jours pour faire tout ce que je devais faire….sans contact, sans fixeur pour m’orienter vers des personnes ressource et m’accompagner lors des entretiens…alors, j’ai pris unilatéralement la décision de juste apprécier la vie dans ce village sans charme. De faire, enfin, du tourisme alternatif avec en toile de fond, tout de même, une grosse déception de ne pas pouvoir dire aux gens que je venais de me faire 2 700 bornes à vélo pour venir jusqu’à eux, jusqu’à ce village qui est le 1er village autogéré en Europe !

Ici, comme dans beaucoup de petite commune, les gens s’interpellent, se saluent et prennent soin les uns des autres. Des gestes, des attentions, des mouvements de corps. Au fil des rencontres, une fois de plus, la langue nous fait défaut. On cherche à savoir ce que je fais ici, je cherche à le leur dire !

Je croise bien quelques anglophones qui me renseignent sur où loger chez l’habitant et qui m’expliquent que quasiment chaque semaine il y a un média qui vient faire un reportage, interviewer les gens. Je comprends mieux le refus de nombreux habitants lorsque je leur demande si je peux les prendre en photo.

Alors je me promène dans la ville, je fais les différents lieux sociaux, bars, cantines et le fameux Sindicato, grand bâtiment municipal où l’on peut manger, boire, jouer et où ont lieu les assemblées générales. Ces AG sont l’essence de la démocratie participative mise en place à Marinaleda depuis 1979.

J’ai eu l’occasion d’assister à l’une d’elles. Une voiture avec haut parleur passe dans toutes les rues depuis la veille pour signaler l’AG et à l’heure dite, les gens se dirigent vers le sindicato…seuls quelques vieux vont dans le sens inverse pour aller à leur bar favori !

 Je suis surpris de voir beaucoup de jeunes dans l’AG, ainsi toutes les générations sont représentées dans ces quelques centaines de personnes présentes. Lorsque Juan Manuel Sánchez Gordillo, le maire emblématique de Marinaleda depuis 1979, arrive, le brouhaha reste aussi fort. Il prend la parole et le silence a du mal à se faire. Parfois on le coupe. Les gens parlent entre eux. On rentre, on sort, on fume, on boit des bières…Il ne semble pas y avoir de règles, de codes lors de ces assemblées. Ça ressemble à un joyeux bordel.

Le truc chouette dans ce village c’est que, vu que tous ceux qui travaillent pour la commune ont le même salaire (un peu plus que le SMIC français), les prix des tapas, des bières et dans les petits supermarchés sont relativement bas.

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En résumé, j’ai vraiment juste joué un rôle d’observateur, j’ai pris le temps de vivre le quotidien du village mais sans pouvoir le partager. J’ai regardé la vie se dérouler sous mes yeux.

Voici une liste de liens sur Marinaleda:

http://www.bastamag.net/Un-oasis-cooperatif-dans-un-monde

https://www.youtube.com/watch?v=UkLbnLpHl-8

http://www.monde-diplomatique.fr/2013/08/HAFFNER/49520

et le site officiel de la mairie:

http://www.marinaleda.com/

 

Cette fin n’est pas celle que j’avais imaginée….et c’est le principe du voyage…évoluer au grès des évènements, de nos envies, de nos besoins…se faire happer par la réalité et accepter que celle-ci soit différente de l’idée qu’on s’en faisait…

Bref, ça m’a fait du bien de finir la route comme ça, sans stress et avec la satisfaction de l’avoir fait, d’avoir vécu ce chemin selon mon ressenti, ma disponibilité et mes capacités.

Chaque tour de pédale m’a façonné, m’a fait avancer sur mon chemin.

 

Ainsi, je reprends mon petit vélo et arrive tranquillement sur Séville. Le retour prévu en bus 2 jours après s’avère être impossible.

 

Du coup, je réserve un billet d’avion et reste 2 jours supplémentaires dans la capitale andalouse, à profiter et découvrir le flamenco, la ville, ses bâtiments et ses parcs, le Guadalquivir et ses berges…heureux, simplement..

                                             Caracole et l’extension 1.0 en route pour l’embarquement

ESCALE 5 : Carricola

 

Je suis venu voir Carricola car Sara m’en avait parlé dès nos premiers échanges sur bewelcome, je lui avais demandé de m’héberger et/ou de m’aider dans mes recherches de lieux utopiques alternatifs. Ses mots étaient, Carricola est un petit village de 90 habitants qui vivent de l’agriculture biologique. Un projet d’art pour tous s’est développé dans le village et aux alentours….plutôt tentant, non ?

J’ai eu de la chance car Sara est à Carricola quand je la recontacte pour lui demander des précisions sur le village. Elle parle du projet à Tere, qui m’accueillera dans sa maison avec Kike, son mari et Lucia, leur fille. Sara parle aussi du projet à Suzanna qui est la maire du village.

Ainsi, lorsque j’arrive le samedi, je retrouve Tere sur la place de la mairie. Elle m’emmène directement rencontrer Suzanna. On fait le tour des endroits où la commune est susceptible de m’héberger mais la proposition de Tere semble la plus agréable. Tere est francophone et Kike, photographe.

Dès les 1ères conversations, je suis dans l’ambiance. Carricola c’est :

– l’une des plus petite commune de la communauté de Valence, d’une superficie de 4,6 km² pour 98 hab (sources Wikipédia, 2012). Le village s’étend sur à peine plus que 4 rues.

– la 1ère commune de la région à avoir développé l’agriculture bio sur quasiment l’ensemble de ses terres.

– la 1ère de la région à avoir mis en place l’arrosage par micro-aspersion.

– à chaque élection, quelque soit le mandat (local, régional, national, européen), c’est la gauche qui l’emporte avec 98 à 99% des suffrages.

– c’est la commune qui possède le plus faible taux d’analphabète du pays depuis des générations.

Excusez du peu !

Kike se fait mon guide et mon fixeur pour mon séjour. D’une compagnie drôle et bienveillante, bavard et curieux, on parle en anglais-français-espagnol-valencien…c’est du plaisir et du bonheur.

 

Tere et Kike sont parmi les derniers arrivants du village. Le village et son territoire étant classés, il est impossible d’acheter des terrains pour construire. Soit il faut s’arranger avec la mairie, soit il faut attendre qu’une maison se libère.

Tere me fait rencontrer Damien, un Français marié à une femme du pays qui s’est reconverti dans l’agriculture biologique. Ayant entendu parler de l’aura de Carricola, il est venu dans le coin avec l’espoir de trouver un terrain et une maison. Finalement, il vit dans le village voisin et s’est arrangé avec Luis pour cultiver un bout de terre.

 

 

 

 

Luis est l’ancien maire village, il fait parti d’une grande famille qui possède beaucoup de terres éparpillées aux alentours et dans la vallée de l’Albaida. Il a été parmi les 1ers à passer à l’agricole biologique pour ses productions. À savoir, l’olive, le caroube, le kaki, les citrouilles….le truc est que ses productions, comme celles des autres producteurs du village, sont destinées à l’exportation. Ainsi, il n’y a que très peu de production maraîchère bio. Damien, aidé de quelques motivés, essaie de mettre en place des paniers, type AMAP. Étonnamment, ça a du mal à prendre…les mentalités sont aussi difficiles à faire évoluer qu’ailleurs !

Carricola est un vieux village, il date des temps ibériques (période des Ibères, population protohistorique de la péninsule ibérique). C’est officiellement une ancienne ferme musulmane. De cette époque, il reste un réseau d’aqueduc d’eau potable mais surtout de canaux d’irrigation pour les champs les plus proches du village. Ces canaux sont entretenus et encore utilisés. Sauf que les champs s’éloignent de plus en plus du village, d’où la problématique de la micro-aspersion et du temps nécessaire à son entretien. Ce sujet est assez symbolique de la dualité de Carricola. L’idée est bonne pour des zones où le manque d’eau est fréquent mais ce système d’irrigation nécessite des kilomètres de tuyaux disséminés dans les champs arides et pierreux. Il y a très fréquemment des fuites. Le temps d’en trouver l’origine et ce sont des hectolitres d’eau qui ont été perdu.

Kike me fait rencontrer Vicente Thomas. Vicente est un vigneron qui a commencé à faire du vin par passion. Aujourd’hui, il a une petite production (environ 700 bouteilles) qu’il vend aux amis et aux restaurateurs recherchant la quintessence du vin. Il réalise tout le processus à la main et en respectant le temps de la fusion. Aucun additif, aucune machine, juste l’amour du chemin qui mène du raisin au vin ! Il produit également quelques bouteilles d’huile d’olive. Passer ce petit temps dans la cave de Vicente à regarder ses gestes tendres et langoureux, son sourire à chaque manipulation.Un moment suspendu entre la beauté et la bonté. Écoute le chant des raisins. Fleure l’arôme du vin naissant..

 

Seul ou avec Kike et/ou Damien, j’ai arpenté le territoire de la commune à la découverte des circuits artistiques et culturels. Avec le projet Biodivers Carricola, le village est devenu un espace d’art environnemental. Il existe 3 parcours : un dans le centre du village, un dans les gorges du château et le dernier sur les chemins de l’eau le long des aqueducs millénaires. Tout au long de ces itinéraires, on trouve des sculptures, du land art, des peintures, des photos, intégrées dans le paysage, évoluant avec le temps. Parfois il n’y a plus rien, juste le cartel, d’autres fois les pigments de couleurs ont disparu dans l’air, ou encore la végétation a repris sa place…bref, un réel moment de rêverie et de contemplation.

 

Tere et Kike connaissent l’artiste à l’origine du projet, Josep San Juan (site internet). Ils m’organisent une rencontre à son atelier dans la ville d’à côté. Josep travaille le verre, le modèle, le fait vivre selon ses désirs et inspirations….il lui donne corps. C’est fascinant. J’ai l’honneur de visiter le musée, fermé le jour de ma venue, où trône l’une de ses splendides œuvres, monumentale.

Josep prépare une expo, il n’est pas trop disponible. Néanmoins, il prend le temps de m’expliquer le projet Biodivers. Son envie initiale d’en faire un rendez-vous biennal, la joie de voir les habitants participer, d’accueillir et d’aider les artistes dans la mise en place de leurs œuvres…sauf que nous le savons tous, pour exister, un projet culturel a besoin d’un minimum d’investissement en moyens humains, en moyens logistiques et en moyens financiers…Biodivers ne sera pas une biennale !

Diaporama de l’exposition présentée à Murcia

Ainsi, tout ça donne l’impression que Carricola surfe sur la vague médiatique de ses spécificités et initiatives originales. Ça a attiré beaucoup de monde et d’énergies nouvelles poussant vers une transition de mode de vie…Mais que, compte tenu de la petitesse du village, du gel de son territoire, de la moyenne d’âge assez élevée des habitants, le changement se fera progressivement….toujours cette histoire de temps d’évolution des consciences et de mise en œuvre d’alternatives.

Quoi qu’il en soit, la vie à Carricola est chaude (42°C à 18h le soir du vernissage) mais surtout chaleureuse, solidaire et agréable. Tout le monde se connaît et développe un vivre-ensemble de bonne intelligence.

Les affaires de la cité se discutent tous les matins au bar du village, vers 9h30 pour les hommes et vers 10h30 pour les femmes. Ces temps peuvent être appelés les « conseils municipaux ». on se retrouve pour la pause du milieu de matinée, on y petit déjeune ou avale un casse-croûte, on s’y rencontre et on parle de tout et de rien….de la vie du village. Certaines objections, les plus importantes, traversent la place du village et peuvent ensuite être discutées en mairie.

La gestion de la mairie est assez singulière. Le ou la maire est élu(e) au consensus. Lors des élections municipales, il n’y a qu’un prétendant. La quasi totalité du village a les même opinions politiques de gauche, avec la même aspiration de perpétuer une idée de la continuité, de l’héritage des anciens. Ainsi, le/la maire doit être volontaire pour ça, en y apportant subtilement sa touche personnelle. Et si il n’y a pas de volontaire, le précédent maire est reconduit de fait. Tout se passe simplement et chacun a conscience de ses responsabilité vis à vis de la collectivité. C’est une conception assez étrange de la gestion municipale et ça marche. Peu à peu ça évolue, peut être pas assez vite pour certains mais il paraît que Rome ne s’est pas faite en 1 jour !

Carricola est un village singulier de quelques belles âmes où le mot vivre ensemble signifie quelque chose  !!

ESCALE 4 : Le Maquis

 

J’ai mis un peu de temps à écrire ces lignes car l’expérience vécue au Maquis a été très particulière. Les lieux précédents avaient tous un je-ne-sais-quoi d’insaisissable, de lunaire, dans le sens de détaché de la vie « contemporaine ». Le Maquis, c’est différent. C’est concret. C’est frontal. La communauté s’est formée autour d’un projet de ferme collective d’agriculture paysanne pour sortir les terres agricoles de la spéculation foncière et leur redonner leurs fonctions premières. Nourrir le vivant en utilisant des procédés durables et respectueux et en développant des liens sociaux de proximité. La terre a un rôle économique mais surtout un rôle social et environnemental.

Je me faisais une joie de rencontrer les membres du Maquis, de comprendre et de tenter de transmettre leur démarche dans ce billet. Tout en sachant très bien que ce n’est pas en quelques jours que je peux saisir l’incroyable imbrication des relations qui se jouent au quotidien entre les membres, entre les membres, la terre et le projet et, entre la communauté et l’extérieur.

Mais je n’ai pas pu ni les interviewer, ni les prendre en photo.
Si j’ai été très bien accueilli en tant que personne, j’ai été mal perçu en tant que photographe. Pourtant, j’avais pris soin de les contacter au mois de mai pour leur présenter le projet et leur proposer de participer puis pour confirmer ma venue et les dates prévues.

Apparemment, les informations n’ont pas circulé comme le fallait et/ou n’ont pas été comprise par l’ensemble du groupe. Or leurs décisions sont prises collectivement.
De leur coté, tellement pris dans le rythme effréné journalier pour tenir la ferme et faire, en plus, la préparation de la saison (ils ouvrent un camping participatif pour l’été), c’est tout à fait compréhensible que mon projet ne soit pas leur priorité. C’est juste dommage que cette situation n’ait pas été éclaircie avant la veille de mon départ.

Ce qui est intéressant est que leur refus est catégorique contre l’image sous toutes ses formes. Ils ont conscience de la force de l’image et ont la hantise qu’elle puisse pervertir leur réalité. De ce fait, ils ne recherchent aucune médiatisation et préfèrent le concret, le lien et le palpable pour que l’interlocuteur se fasse une idée de ce qu’ils vivent. Leur engagement est profond, ils se donnent corps et âmes. Ils sont le projet. On ne peut pas s’imaginer l’intensité de cet investissement personnel si on ne le vit pas. Donc mon approche d’observateur de quelques jours s’apparente à leurs yeux à une semaine de vacances alternatives !

Au Maquis, on ne vit pas le rêve d’un monde meilleur, on vit le combat qui y mène. C’est un combat aux forces inégales. Mais c’est une lutte nécessaire et juste. Néanmoins, le collectif est fragile. La charge de travail est telle que les membres n’ont que peu de temps pour eux et la pression des banques qu’ils doivent rembourser est un fardeau au goût amer. C’est le prix de l’autonomie en proposant une alternative viable et festive. De plus, certains quittent la communauté et d’autres en partent. Ils sont donc à la recherche de 4 ou 5 personnes pour intégrer leur projet et ainsi mieux repartir les temps de travail.

 

Je vais quand même vous en dire un peu plus sur ce projet collectif en reprenant des éléments présentés dans le livret des campeurs 2014 qu’ils mettent à disposition à l’accueil.

Actuellement, le collectif est composé d’une dizaine d’adultes et de 2 enfants qui partagent le lieu de vie, les valeurs et le travail. Ils sont paysans ou en passe de l’être. Leurs valeurs communes sont :

  • L’abandon de la propriété privée ; les terres n’appartiennent à personne et à tout le monde
  • Le non enrichissement personnel ; tous les salaires des membres du collectif sont reversés à la caisse commune et chacun y pioche selon ses besoins et dans la limite du stock !
  • Développer l’agriculture paysanne et la faire perdurer ; ça veut dire prendre des positions intraitables concernant l’imposition de lois inappropriées votées à Bruxelles (par exemple: le puçage des troupeaux (plus d’infos ici ) ou le recours systématique aux antibiotiques)
  • Expérimenter la vie et le travail en collectif

 

 

 

 

 

 

 

Le Maquis est structuré selon plusieurs niveaux. La SCOP Cravirola encadre leurs activités agricoles telles que la fabrication et la vente de fromages de chèvre et de brebis, de pain et de bois de chauffe.

L’association Cultures du maquis est l’outil pour mettre en avant les dimensions politiques, culturelles, écologiques et sociales du lieu. Les activités portées par l’association sont le festival d’été, l’animation et la gestion du camping participatif, les chantiers solidaires, l’épicerie de la ferme (on y trouve tous les produits du Maquis et ceux des producteurs environnants) et la partie bar du Barricade (le bar resto du camping).

 

Diaporama des images réalisées pour l’exposition présentée à Barcelone.

 

L’ activité du camping est précieuse. Économiquement, car elle permet de soutenir financièrement le projet, de contribuer à ce qu’un tel lieu existe. Humainement car c’est un lieu engagé politiquement, un lieu de rencontres, d’échanges, de discussions, de débats qui peuvent être proposés par le collectif ou les campeurs.

Alors qu’est-ce qu’un camping participatif ?

C’est un cadre où il est possible de mettre en place des activités d’animations et de participer aux activités de l’association. Des tableaux sont disposés autour du lieu stratégique du bar. Ils servent de modes d’emploi pour s’organiser : planning des répartitions des tâches, propositions d’ateliers, co-voiturages et demandes en tout genres.

Les campeurs peuvent également donner un coup de main au bar, à l’accueil, au cinéma etc.. ainsi que pour les toilettes sèches et poubelles, le rangement de l’aire de jeu/bibliothèque, la piscine, les pluches des légumes, faire le crieur public, ou aider à la billetterie les soirs de spectacle…

Pour structurer tout ça, il est prévu, tous les lundi à 19h30, une réunion des campeurs. Elle sert à mettre en place le planning d’activité pour la semaine. C’est aussi l’occasion de créer du lien entre les membres du collectif, pas toujours disponible, et les campeurs. Cette rencontre permet à la vie participative de s’organiser et de rendre le lieu vivant, animé et enrichissant.

 

 

 

 

 

 

Au moment où j’ai visité Le Maquis, il y avait plus d’une 100aine de campeurs, de plusieurs nationalités, de tout âge et une mixité sociale importante. L’auto-gestion fonctionne relativement bien, la marge de liberté est vaste, s’en est déconcertant, et s’inscrire dans les activités participatives permet de rencontrer du monde. Les gens reviennent d’année en année et font passer le mot à leur retour de vacances. Il faut signaler que Le Maquis se trouve à quelques kilomètres de Minerve, une région idéalement située entre Toulouse, Montpellier et Perpignan. Le climat y est chaud et le vin très agréable !

Les personnes présentes ont cette envie de passer du bon temps, de rencontrer et de partager. Bref de trouver un vivre-ensemble simple et de la bienveillance naturelle ; du coup, la bonne humeur règne et l’ambiance est légère.

Un dernier point très intéressant du projet est la mise en place de passerelles entre les campeurs et les activités de la ferme. Une visite guidée de la traite est proposée ainsi que des rencontres pour discuter du projet et de sa gestion. Ces dispositifs de médiation sont super car ils permettent de sensibiliser et diffuser les informations autour de leur vie d’agriculteurs paysans. Et d’insister sur cette mission de redonner aux terres leurs valeurs paysannes.

Infos-contacts :

http://www.cravirola.com/

 

ESCALE 3 : Le Hameau des Buis

 

Corinne, la personne chargée de m’accueillir, m’avait prévenu. L’école est finie depuis quelques jours, beaucoup de familles sont parties en vacances, il n’y a pas grand monde au hameau. L’activité est au ralentie. Je décide de venir quand même, l’idée de découvrir un lieu et ses gens où le lien intergénérationnel est à la base de l’utopie me paraît super intéressant.

L’accueil par la famille de Corinne est très sympa. Après une visite du hameau, barbecue et finale du mondial dans le camping voisin sont au programme.

Je prends doucement possession de l’appartement que je partage avec Alain, venu finir son chantier de la « maisonnette ». C’est chouette, Alain, l’appart, la maisonnette…

Le lendemain, je refais un tour dans les lieux actifs pour me présenter et faire quelques images.

 

 

 

La fromagerie de Marco, le jardin, la cuisine et la salle commune. Je rencontre les quelques bénévoles qui restent durant cette période creuse. La vie du hameau tourne, effectivement, autour de l’école.

Je fais plusieurs aller/retour dans le hameau pour essayer de croiser ses habitants…pas grand monde…

Je passe encore beaucoup de temps à mettre le site à jour. Ça me rend forcément moins dispo… Il commence à faire très chaud, la probabilité de croiser des personnes diminue autant que les degrés montent !

Je sais que je pourrai frapper aux portes mais quelque chose m’en empêche. Je me sens bizarre, un truc comme le fait de ne pas se sentir à sa place. Je me rends compte aussi que, pour l’instant, toutes escales étaient dans des lieux soit pleinement aboutis, soit en pleine effervescence de l’euphorie. Ici, la construction est en passe d’être terminée, alors que le vivre ensemble n’en est encore qu’à ses prémices. J’ai l’impression de retrouver une vie conventionnelle dans un lieu alternatif.

Françoise et Philippe nous expliquent la création et les objectifs du Hameau.

 

Guillaume débarque, jeune osthéo vagabondant à la recherche, et d’un lieu qui lui corresponde, et d’un peu de lui-même. Il apporte avec lui son baluchon de fraîcheur et de candeur. Il ne reste pas longtemps. Quelques jours plus tard, je croise Florence venue également le saluer pour son départ. Elle m’aide à mettre des mots sur mon ressenti. Ce lieu est chargé en intensité, il possède une énergie vibratoire forte voire pesante quand on arrive, qui devient légère dès que le départ se fait sentir.

 

Françoise parle du fonctionnement et des relations du Hameau.

Le fonctionnement:

Les relations:

 

Une fois, le travail du site effectué, je me rends enfin pleinement disponible pour le lieu. Je vais me baigner dans la rivière en contre bas. L’eau fraîche sur le corps et le courant, s’autorisant un petit massage, me font le plus grand bien.

Au fil des rencontres, j’ai l’impression de mieux cerner le lieu et comprendre ce qui se joue ici.

Diaporama des images exposées à Montpellier.

 

Reste la sensation qu’il manque des articulations entre les habitants et les volontaires (bénévoles) mais également des passerelles entre les générations, notamment les actifs et les retraités. La question de l’autonomie financière se pose tant pour le hameau (la structure devant rembourser un gros prêt) que pour les personnes. Le hameau se trouvant relativement isolé, il est difficile pour les actifs de cumuler la vie de famille, l’investissement dans le lieu et le travail. Les écarts de rythmes de vie entre les statuts (actifs et retraités-pensionnés) peuvent amener des incompréhensions voire des tensions.

Ma perception est très limitée car le projet tourne principalement autour de l’école et nous sommes en période de vacances. Je n’ai pas pu prendre la mesure de l’ensemble des interactions se jouant entre les générations. Pourtant, l’utopie est belle et concrète. Le projet se confronte aux réalités et à ses propres contradictions pour avancer étapes par étapes, à son rythme et à celui de ses membres.

Le hameau existe bel et bien en tant que cadre, que structure. Il convient maintenant aux habitants de se retrouver autour d’un vivre-ensemble adapté aux besoins des 3 générations présentes sur le lieu et à toutes les activités développées sur place.

Contacts et informations:

http://www.la-ferme-des-enfants.com/

ESCALE 2: Saillans

 

Pourquoi ai-je choisi Saillans comme escale, est-ce un lieu « communautaire » d’utopie réalisée ?

Une communauté est littéralement un groupe de personnes (« cum ») qui partagent quelque chose (« munus »). A Saillans, durant le dernier mandat du maire sortant, une majorité d’habitants se sont retrouvés autour d’une idée. Faire de la politique autrement. Ces mots sonnent comme un beau slogan démagogique dont nous ont abreuvé les gens dont le métier est de faire de la politique. Mais dit par un groupe de citoyens, ils prennent tout leur sens. FAIRE de la politique. Ne plus accepter que nos élus décident de ce qui est bon pour nos territoires sans nous demander notre avis.

01

 

Le village de Saillans est idéalement situé, le long de la Drôme (lien wikipédia), niché au pied des « Trois becs » entre le Diois et le Vercors. Cette situation lui a conféré une place prépondérante dans l’histoire du peuplement de la région.

Depuis mars 2014 et les élections municipales, la petite commune n’est plus tant un carrefour géographique qu’une place idéologique où le terme de « Cité » a repris son sens (communauté politique, dans l’antiquité, dont les membres s’administraient eux-mêmes). Ce mot vient du Grec ancien Polis. Et par Polis, il est entendu : une communauté de citoyens libres et autonomes.

resultats elections

Avec un taux de participation avoisinant les 79% lors de ce 1er et unique tour, une liste collégiale et participative portée par un groupe de citoyens, est élue avec 57% des voix. Ce résultat montre à quel point les habitants ont pris toute la mesure de leur pouvoir d’agir. Ensemble, bien que tous différents, ils ont fait le pari d’expérimenter une politique faite de sens, de cohérence et de liens.

Voici une vision à 4 voix de la création et des objectifs de la liste collégiale élue aux dernières élections.

 

 

Les membres de la liste avaient ce document comme support de communication (cliquez sur le lien, une page PDF va s’ouvrir)  document de campagne

Ils sont conscients du caractère innovant de leur démarche et savent qu’avec leur élection, ils sont entrés dans un monde inconnu. Ils devront faire l’expérience de cette nouvelle forme de gouvernance, se remettre en question, écouter, s’écouter, se former à certaines compétences, bref apprendre,  comprendre et s’entendre….ensemble.

Microsoft PowerPoint - fct_saillans_Maud [Mode de compatibilité]SCHEMA DE FONCTIONNEMENT

 

 

Sabine nous explique le fonctionnement du conseil municipal.

Et Patrick nous parle de celui du conseil des sages

Car la grande originalité c’est surement la création de ce conseil des sages veillant au bon fonctionnement des outils de collégialité et de participation. Ce conseil sera la caution, le guide et le principal soutien des élus. Il est composé de membres de la liste collégiale et d’habitants (à partir du 2ème semestre). Tous les membres du conseil s’engagent à démissionner à la fin de la mandature.

 

 

Diaporama du travail photographique réalisé sur Saillans

 

 

Vincent a été élu maire pour ses compétences, sa motivation mais surtout pour sa disponibilité. Il revient sur son élection.

 

 

Une fois élue, la nouvelle municipalité a continué à informer les habitants sur le fonctionnement des commissions participatives et les différentes possibilités pour eux d’intervenir dans le processus de choix des orientations de la politique menée.

 

Exemples de documents diffusés et affichés dans la commune, le mode d’emploi des commissions participatives

mode emploi commissions participatives

 

Et l’agenda Juillet-Aout, où sont répertoriés tous les évènements d’animations municipales dont les réunions publiques, commissions et autres comités de pilotages.

agenda juillet-aout

 

 

Faire le choix de se réapproprier son territoire est une expérience audacieuse et nécessaire. S’intéresser aux affaires de la « Cité », à la gestion du lieu où l’on vit, où l’on scolarise ses enfants, où l’on passe la majorité de son temps, devrait être naturel. Cela demande du temps et de la disponibilité mais participer aux décisions concernant le vivre-ensemble, n’est-ce pas une étape fondamentale pour se réapproprier sa vie, faire ses choix….

02

Ce qui m’a interpellé dès mon arrivée dans le village, c’est l’ambiance qui résonnait entre les gens. Je pourrai même écrire « raisonnait ». Ces gens, tous pas pareil (et heureusement), l’assumant et l’exprimant chacun à sa manière. Qui avec sa tenue vestimentaire, avec sa coupe de cheveux, avec son causer particulier, avec ses rêves, avec son accent, avec sa manière de vivre sa vie et de voir les choses. L’idée de se sentir libre d’être soi est présente. Bien sur, ça reste un village avec ses « cancans » et ses « ladilafé » mais même si la différence est relevée et elle semble bien acceptée.

La parole circule, les informations s’échangent et les réseaux s’en nourrissent. Des liens se tissent entre les individus. Le partage et l’échange deviennent spontanés. Sabine raconte les relations dans cette liste collégiale.

A travers cette dynamique, un climat de confiance et d’accueil rayonne de ce noyau. Et des petits miracles de la vie quotidienne se produisent un peu partout que ce soit au café associatif « L’oignon » ou dans certains écarts comme dans « Le royaume de Mathieu », chez Christelle et Gabriel…ou encore plus loin dans la commune de Véronne. Les défricheurs de conscience sont en marche…

Mais attention à l’euphorie, comme le dit Vincent.

Cette nouvelle interprétation de la politique souffle comme un vent d’espoir. Il emporte une majorité des habitants dans un tourbillon joyeux où l’avenir fait moins peur car partagé. Cela ne doit pas occulter certaines personnes en marge, pouvant se sentir exclues de cette énergie. Pour des raisons qui sont les leurs, vivre bien et être heureux sont des concepts enfouis au plus profond de leur conscience et rarement stimulés. Bref, le bonheur n’est pas à l’ordre du jour pour eux. Bercés par le ronron cathodique des nouvelles sans joie, ils attendent le crédit médiatique pour s’autoriser à vivre ce bonheur. Chacun a son propre chemin pour s’émanciper de la torpeur et surtout chacun y progresse à son rythme.
Ainsi tout le challenge de cette utopie est de permettre d’élever la conscience citoyenne de tous les habitants de Saillans. De leur donner réellement la possibilité d’agir pour ne plus subir. Si la capacité de l’homme à devenir lui-même se réalise grâce aux rencontres comme le dit Albert Jacquart, alors souhaitons aux élus de la liste collégiale et participative d’user leurs semelles pour faire et refaire les pas vers les résidents de la commune s’imaginant incapables d’accéder à ce pouvoir d’agir. M’est d’avis que l’on peut leur faire confiance, ils expérimentent quotidiennement depuis presque 1 an, le vieil adage « la différence c’est la vie! »

 

Infos-contacts :

association de veille citoyenne précurseur du groupement

http://www.paysdesaillansvivant.fr/

site de la municipalité

http://www.mairiedesaillans26.fr/

 

 

 

 

 

saillans

ESCALE 1: La communauté de l’Arche de St-Antoine

l'abbaye

l’entrée de l’Abbaye de St-Antoine

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Dès le passage du porche de l’abbaye, on est saisi par la beauté et l’harmonie du site.

Après l’avoir traversé, face au musée, se trouve l’entrée de l’Arche.

L’Arche est une communauté ouverte. Le mot « accueil » y prend tout son sens. On t’accueille tel que tu es, toi et ton passé, toi et ton présent. On accueille la vie que tu amènes avec toi. Cet accueil de la différence est à la base de la vie de la communauté de St-Antoine.
Entrer dans ce lieu c’est entrer dans un nuage de coton, de douceur, de sérénité et de bienveillance où le temps coule à sa mesure.

La communauté, ce sont des personnes (familles, célibataires, personnes seules) de différents pays, âges, milieux sociaux, unies par leur engagement dans la non-violence, comme outil de transformation de soi et de transformation de la société. Dans ce lieu habitent environ 70 personnes (enfants compris) qui ont choisi une vie simple, de partage et d’approfondissement spirituel. Parmi eux, il y a les engagés, qui habitent ici toute l’année, et des personnes qui passent un temps pour découvrir la vie communautaire. Ils sont « Féveurs/Féveuses » (participants à la formation FEVE, Formation et Expérimentation sur le Vivre Ensemble), ou en stage long, moyen ou court. Joseph explique les grands principes de cette formation

Plus d’information sur le site www.feve-nv.com

La communauté de St-Antoine fait partie de la Communauté de l’Arche, non-violence et spiritualité, fondée par Lanza Del Vasto (www.arche-nonviolence.eu)
Jorge nous raconte la communauté

La création et les objectifs de l’Arche:

Son fonctionnement:

Ses relations avec le village de St-Antoine:

Et, enfin, son avenir:

Outre la mission de vivre et faire connaître la non-violence, la communauté de St-Antoine a une vocation qui peut se définir en 4 points.
– Le travail de reconstruction de la personne : prendre conscience de qui nous sommes, travailler sur nos blocages psychologiques à partir de la prise en compte de l’unité de l’être humain (corps-âme-esprit). Ce continuel travail personnel de transformation nourrit et dynamise la communauté.
– Le travail sur la relation : apprendre à accepter l’autre tel qu’il est, apprendre à écouter, à se dire, à construire des relations fondées sur le respect mutuel. Apprendre à gérer les conflits, inévitables dans toute relation. L’apprentissage d’une relation vraie et vivante est long et difficile.
– L’accueil des pèlerins de notre époque : dans le cadre de ce village où les pèlerins ont afflué pendant des siècles vers ce lieu privilégié, la communauté accueille ceux qui se mettent en route pour trouver ou donner un sens à leur vie, ceux qui veulent enrichir leur vie spirituelle. Pour vivre cela, la communauté dispose d’un outil précieux : la maison d’accueil, qui est aussi son outil de travail et sa principale source de revenu.
– L’approfondissement de la spiritualité chrétienne : tout en gardant la vocation d’œcuménisme et de réconciliation religieuse de l’Arche, la communauté de St-Antoine choisit d’affirmer l’identité chrétienne de ses engagés. Ce choix part de la constatation qu’un vrai œcuménisme demande d’abord un enracinement dans la tradition religieuse du lieu et de la société qu’il l’héberge.

Le diaporama des images exposées sur la route de St-Antoine à Saillans..

C’est à St-Antoine que j’ai compris que je fais parti de ces pèlerins contemporains. Sans orientation religieuse mais avec une recherche spirituelle. Sur mon long chemin, cette 1ère escale est riche en sens et en symboles.
Ainsi, ces quelques jours ont été une plongée dans un monde imaginaire bien réel où l’échange, le respect, le partage et la confiance en sont les guides. Tout semble fluide et léger. Si on se rend disponible à cette sensation, on est entraîné dans ce mouvement atemporel et inaliénable, à la vitesse d’un long fleuve tranquille.
Bien sur, il y a des obstacles sur le chemin, des rapides, des chutes et des vertiges, peut être même des crues. A chaque événement, la communauté se concerte, s’écoute, s’explique, se soutien et fait le choix collectif de contourner, transcender et s’adapter à ce qui se passe autour, dedans, et dehors…N’est-ce pas ça qu’on appelle la vie ?
A chaque départ d’un membre, la communauté lui demande de choisir un chant qui célèbre son passage, la communion et le chemin. Extrait du chant de départ de Fanny.

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Coordonnées :
L’Arche
38 160 St-Antoine l’Abbaye
Tél : 04 76 36 45 97
Site : www.arche-de-st-antoine.com